L’intubation n’est pas synonyme de coma !

Aux Etats-Unis, chaque année, plus de 200 000 patients font un arrêt cardiaque intra-hospitalier (ACIH) avec une mortalité de 75 %. Le maintien d’une certaine température est considéré comme favorable pour le devenir des patients bien que les études prospectives n’aient porté que sur des arrêts cardiaques pré-hospitaliers.

Il n’existe aucune étude prospective portant sur l’intérêt du contrôle de la température au décours des ACIH. Fait troublant, des travaux récents ont retrouvé un moins bon pronostic chez les patients maintenus en hypothermie lors des ACIH, alors que les auteurs avaient retenu le critère intubation comme condition nécessaire au déclenchement et au maintien de l’hypothermie et donc comme critère de coma. La validité de cette approche demande donc confirmation.

Des auteurs américains ont pris pour hypothèses le fait qu’un certain nombre de patients intubés pendant l’ACIH n’étaient pas tous comateux après avoir été réanimés avec succès et que le coma post ACIH associé à la mortalité intra hospitalière pourrait être un facteur confondant lors d’une analyse portant sur l’intérêt de l’hypothermie pour ces patients.

Pour ce faire, ils ont donc mené une étude rétrospective monocentrique chez des adultes victimes d’un ACIH en service de réanimation, intubés avant ou pendant l’ACIH ou immédiatement après avoir été réanimés avec succès. Les patients dont les score de Glasgow (GCS) était inférieur à 8 ont été définis comme étant comateux. Leur taux de survie a ensuite été comparé avec celui des patients dont le GCS était > à 8.

Réserver l’hypothermie aux patients vraiment dans le coma

Parmi les 102 patients intubés, ventilés et réanimés avec succès après au moins 20 minutes de manœuvres, 29 (28 %) ont eu un GCS ≥ 8, et 22 (22 %) pouvaient répondre aux ordres simples. La survie des patients avec GCS ≥ 8 vs. <8 a été de 62 % (18/29) vs. 37 % (27/73) (p = 0,02). L’odds ratio ajusté de survie à la sortie de l’hôpital a été de 3,81 (intervalle de confiance à 95 % : 1,37–10,61, p = 0,01).

Bien que monocentrique, rétrospective et portant sur un petit effectif, il ressort de cette étude que l’intubation avant ou pendant l’ACIH n’est pas un bon marqueur de coma et est encore moins prédictive du coma consécutif au succès de la réanimation. Sans surprise, ceux dont le CGS était le plus élevé ont eu un meilleur taux de survie post hospitalière. L’hypothermie « protectrice » devrait uniquement être appliquée aux patients vraiment comateux après réanimation et non systématiquement parce que intubation serait synonyme de coma.

Dr Bernard-Alex Gaüzère

Référence

Berg KM et coll. : Intubation is not a marker for coma after in-hospital cardiac arrest: A retrospective study. Resuscitation. 2017; 119: 18-20. doi: 10.1016/j.resuscitation.2017.07.024