Arrêt cardiaque du président de l’AHA : presque un conte de Noël

Anaheim, Californie, le jeudi 27 décembre 2017 – 13 novembre, l’aurore se lève sur le troisième jour du congrès de l’American Heart Association (AHA), le « super bowl » de la cardiologie comme le qualifie le Pr John Warner, 52 ans, président, pour un mandat d’un an, de cette vénérable organisation.

Emmener sa famille en congrès n’est pas une mauvaise idée !

Le Pr Warner n’est pas qu’un éminent médecin, chef du service de cardiologie de l’hôpital universitaire Southwestern de Dallas, c’est aussi un esprit sain dans un corps sain qui se lève à 6 heures du matin pour une séance de vélo en salle !

Mais ce jour-là, de retour dans sa chambre d’hôtel, John s’effondre sans connaissance.
Heureusement, ce bon père de famille américain a emmené avec lui ses enfants pour qu’ils assistent à la consécration du pater familias !

Stayin’ alive !

Il est donc 6 h 43 exactement, quand sa fille Lauren appelle le 911 et entame un massage cardiaque, comme le lui a appris son père, « sur le rythme de Stayin’ Alive des Bee Gees », tandis que son frère Jacob hurle dans les couloirs qu’il a besoin d’un cardiologue ! Et, bien sûr, l’établissement situé en face du palais des congrès n’en manque pas ! 

C’est le Dr Tia Raymond, logeant à l’autre bout du couloir, qui accourt la première, bientôt suivie d’une infirmière de pratique avancée en cardiologie. Le Dr Raymond est cardiologue pédiatrique dans le même hôpital que John et le connaît bien…Car il a suivi sa belle-mère pendant 12 ans ! Ils discutaient d’ailleurs amicalement la veille dans le hall de l’hôtel !

Les deux femmes prennent le relais de la réanimation. Mais le patient est installé sur un matelas trop mou et elles décident de le basculer sur le sol avant d’entreprendre quoi que ce soit.

L’AHA retient son souffle

Alertés, des employés de l’hôtel ont alors acheminé un défibrillateur automatique…mais le premier choc échoue, un second aussi, et Lauren se met alors à prier « Seigneur, nous te demandons de nous soutenir et de donner à papa les soins dont il a besoin ».

« J’ai pensé qu’il était condamné », témoigne le Dr Raymond qui tente néanmoins un troisième choc…qui « ressuscite » enfin le Pr Warner.

Prévenue, le Dr Rose Marie Robertson, directrice scientifique de l’AHA, prend alors en charge le patient avec l’équipe de premier secours et demande par téléphone, depuis l’ambulance, un avis clinique au Dr Elliott Antman, un ancien président de l’AHA.

Transféré à l’hôpital universitaire le plus proche, plusieurs congressistes sont déjà réunis pour poser un diagnostic…simple : infarctus du myocarde avec élévation du segment ST. Rapidement pris en charge (on s’en doute !), il bénéficie de la pose d’un stent, un geste qu’il a lui-même exécuté des milliers de fois !

Le Pr Walter ne sera pas une branche sciée

Dans son témoignage, sur le site de l’AHA, le Dr Walter, précise que « bien que ses côtes soient toujours douloureuses » (en raison du massage cardiaque), il a repris son travail de chef de service et président de l’institution, mais il prend bien soins de suivre ses séances de réadaptation cardiaque.

Rétrospectivement, son allocution d’ouverture apparaît prémonitoire, il y avait en effet illustré l’aspect génétique des maladies cardiovasculaires avec l’exemple de sa propre famille dont « chaque branche de l’arbre généalogique a été sciée par les maladies cardiovasculaires ».

Le Pr John Warner précise enfin avoir décidé de partager son histoire dans l’espoir de sensibiliser le public.

Happy new year, Pr Warner !

Frédéric Haroche

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