Arrêt cardiaque hors de l’hôpital : les femmes s’en sortiraient moins bien

Bien que la survie à la suite d’un arrêt cardiaque extra-hospitalier (ACEH) s’améliore, peu de choses sont connues sur les résultats à long terme des survivants selon leur sexe.

Entre 2010 et 2016 et de façon prospective, des adultes australiens (État de Victoria) survivants à un ACEH de nature non traumatique, ont été invités à participer à des entrevues téléphoniques structurées au moyen de l’échelle de résultats élargie de Glasgow (GOSE), de l’EuroQol-5D (EQ-5D) et du questionnaire santé abrégé de 12 questions (SF-12), à la recherche d’un impact du sexe sur la survie (objectif principal) et sur le rétablissement fonctionnel et la qualité de vie liée à la santé (QVLS) à 12 mois (objectifs secondaires).

Un nombre de patients important pour une étude de ce genre

Parmi les 2 300 patients sortis vivants d’un hôpital après un ACEH, 175 (7,6 %) sont décédés au cours de la période de suivi, avec un taux de mortalité à 12 mois plus élevé chez les femmes que chez les hommes (10,4 % vs 6,4 % ; p = 0,002). Parmi les 2 125 survivants à 12 mois, 1 752 (82,5 %) ont participé à l’enquête. Les résultats non corrigés ont toujours été moins bons chez les femmes que chez les hommes, moins de femmes ayant déclaré un bon rétablissement fonctionnel (GOSE ≥ 7, 53,5 % vs 64,8 %, p < 0,001) et vivre à domicile sans soins (60,7 % vs 76,4 %, p < 0,001). Après ajustement, le sexe féminin était toujours associé à une moindre chance d’une bonne récupération fonctionnelle (rapport de cotes ajusté [AOR] 0,69, intervalle de confiance à 95 % ; IC à 95 % : 0,53-0,88 ; p = 0,004), de vivre à domicile sans soins (AOR 0,57, IC à 95 % : 0,43-0,76 ; p < 0,001), à un indice EQ-5D de 1 (AOR 0,57, IC 95 % : 0,43-0,75 ; p < 0,001), à une bonne composante mentale SF-12 ≥ 50 (AOR 0,56, IC 95 % : 0,40-0,78 ; p = 0,001) et à une bonne composante physique SF-12 (AOR 0,53, IC 95 % : 0,39-0,71 ; p < 0,001).

Plus de mortalité et de problème de santé mentale chez les femmes, à 12 mois

Cette étude comporte un certain nombre de limitations. La proportion de survivants qui n’ont pas participé à l’enquête était plus élevée chez les femmes que chez les hommes ; 21,1 % des répondants étaient des proches et non les survivants eux-mêmes ; le type de soins de suites et de réadaptation réalisé à l’hôpital n’a pas été analysé.

Enfin, bien que les raisons de ces différences ne soient pas claires, les survivantes de cette étude ont également décrit beaucoup plus de problèmes de santé mentale que leurs homologues masculins, ce qui en retour, pourrait avoir modifié leur perception ou leurs attentes en matière de bon rétablissement.

Dr Bernard-Alex Gaüzère

Référence

Nehme Z, Andrew E, Bernard S, Smith K : Sex differences in the quality-of-life and functional outcome of cardiac arrest survivors. Resuscitation. 2019; 137: 21-28. doi: 10.1016/j.resuscitation.2019.01.034.